Quatre petits pas vers le bleu

Elle est plus que tout cette petite histoire qui ne vaut rien.. Et si.. mais vous ne me croirez pas. Si je vous disais que j’ai croisé, oui croisé deux petites filles qui parlaient. Jusque là tranquille. C’est banal à dire et entendre.. Moins si je vous dis qu’elles parlaient bosniaque.. les mots sortaient de la bouche de la plus jeune : forts et puissants presque graves , avec des “Haide “ des “Te“ des “Djater“ .. qui demandaient de se hâter :
- faut pas tarder .. lance Raya âgée de 6 ans à Sabrina son aînée de 4 ans.
Les mains pleines d’ampoules qu’on accroche aux lampes , elles accélèrent le pas , deux à deux le cœur battant , surprises d’être arrêtées par une dame qui s’émerveille de leur beau parler .. Elles savent la langue de la Bosnie et de la France qu’elles traduisent l’une et l’autre à merveille, en appuyant bien sur les lettres et tous les “V“ nécessaires et..Surtout le fait qu’il faut rentrer :
- Viens, on va à la maison, insiste Raya .. en voulant rompre là ..couper court à l’échange et à travers les immeubles.
Qu’y a-t-il de plus chaud de plus refuge que la maison. Les petites filles parlaient du bleu qu’il y avait :“ Plavo “en bosniaque . Elles allaient au plavo là où dans leur maison c’est bleu.
C’est alors que le soleil se joignit à nous dans ses derniers rayons, faisant voir la main aux ampoules, et l’autre main qui tenait bien à plat : une boîte de peinture.
Et c’est miracle que de rentrer dans le bleu de chez soi quand les pastilles de couleurs de la boîte de peinture se mêlent au fond de ciel rougi !!


Mireille